Bien que d’apparence modeste, les petits cours d’eau du Beaujolais peuvent être à l’origine d’inondations spectaculaires, principalement à l’occasion de précipitations de courte durée mais de forte intensité. Les pentes relativement prononcées des monts du Beaujolais et l’étroitesse du lit des cours d'eau contribuent à la réactivité des bassins versants. C'est à dire que des pluies intenses, surtout si elles tombent sur des sols gorgés d’eau ou au contraire très secs, peuvent ainsi entraîner des élévations soudaines et brutales, bien qu’éphémères, du niveau des cours d’eau. Historiquement, les grandes inondations ont donc eut lieu entre juin et novembre, période à laquelle les averses orageuses sont plus fréquentes.
La crue fait partie du fonctionnement naturel d'une rivière : elle cure naturellement le lit des sédiments déposés au cours des années, recharge les zones humides qui alimenteront à leur tour la rivière en période de sécheresse, etc. Mais l'artificialisation des sols, ainsi que les terres végétales laissées à nu, augmentent le ruissellement et donc l'intensité des crues. Pire encore, de nombreuses zones d'expansion des crues, autrefois dédiées à l'agriculture, ont été urbanisées, exposant habitants et entreprises au moindre débordement de la rivière.
QUELQUES CRUES HISTORIQUES
Des témoignages faisant état des inondations causées par les rivières du Beaujolais ont été retrouvés dans les archives jusqu’en 1562. Ces archives montrent par exemple que le centre-ville de Villefranche a été érigé sur un marécage, en fond de vallée, et que des inondations avaient déjà lieu lorsque le lit du Morgon était encore ouvert. Plus récemment, le territoire a connu de nombreuses crues dont certaines ont causé d’importants dégâts.
≈ 5 juillet 1993
La crue du 5 juillet 1993 est la plus forte connue sur les bassins du Marverand, du Nizerand et de la Vauxonne. À Saint-Julien, les dégâts ont été particulièrement importants :
« Dans la soirée du lundi 5 juillet 1993, entre 21h et 22h, un violent orage de pluies et de grêle accompagné de rafales de vent s’est abattu sur toute la région beaujolaise et en particulier sur [Saint-Julien]. Il est tombé 80 mm d’eau en 40 minutes. […] La commune a donc été subitement envahie par les flots boueux surgissant de toutes parts.
Ainsi, le bourg et notamment la place de l’Église et de la Mairie, quelques hameaux, ont été submergés par environ 1,60 m d’eau boueuse ravageant les habitations et inondant les logements du rez-de-chaussée. Selon les maisons la hauteur de l’eau dans les appartements s’est élevée entre 0,70 et 1,50 m.
La violence du courant était telle que trois grosses citernes de propane ont été arrachées de leur socle et emportées sur plusieurs centaines de mètres ainsi que des voitures qui étaient garées sur la place de la Mairie. »Extrait de la demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle de la commune de Saint-Julien, 21 juillet 1993
Dans le centre d’Arnas, de nombreuses habitations situées le long du Marverand et du Nizerand ont été inondées, ainsi que le lieu-dit Ave Maria. Sur le Nizerand, la commune de Denicé a également été touchée.
« Sur la commune de Denicé, les eaux ont largement débordé dans le centre‐ville provoquant l’inondation du lotissement Le Nizerand avec des hauteurs d’eau de 0,5 m dans les habitations. La RD 426 fut submergée par 1,1 m d’eau. »
Étude hydrologique et hydraulique des rivières du Beaujolais, 2010
Et sur le bassin de la Vauxonne :
« Au bas de la commune [de Blacé], le lotissement de la Tallebarde a lui aussi été dévasté. […] Là, c’est le Salerin qui a pris des airs de torrent montagnard. Chez Mme Meunier […], il a pris possession du rez-de-chaussée, emmenant frigo et autre cuisinière. »
Le Patriote Beaujolais, 16 juillet 1993
≈ 10-11 juin 2000
Dans la nuit du 10 au 11 juin 2000, un orage estival particulièrement violent s’est abattu sur l’amont du bassin de l’Ardières, où les plantations de résineux avaient été déforestées suite à la tempête de 1999. La crue exceptionnelle de l’Ardières (dont le débit a été estimé à 44 m3/s) qui en a résulté, combinée à d’importantes coulées de boues et des embâcles, a causé d’importants dégâts sur la commune de Beaujeu.
≈ 2 novembre 2008
Le 2 novembre 2008, un épisode de type cévenol a touché l’ensemble du Beaujolais, à la fin d’un mois d’octobre particulièrement pluvieux. Cet épisode a été particulièrement marquant sur le bassin du Morgon, où une partie du centre-ville de Villefranche-sur-Saône a été inondé, y compris l’hôtel de ville et la sous-préfecture, l’eau atteignant jusqu’à 1,50 m environ dans certaines rues.
En amont de Villefranche, sur la commune de Gleizé, la rupture d’un chemin d’accès privé barrant le cours de la Galoche a généré une onde de crue qui, après avoir épargné de justesse une maison située immédiatement en aval, inonda le lotissement du chemin de Sotizon.
≈ 6 juin 2010
Le 6 juin 2010, le centre-bourg de Saint-Julien est de nouveau inondé, 17 ans après la crue de 1993.
« Dimanche en tout début d’après-midi, un torrent de boue a dévalé la rue principale de la commune de Saint-Julien sans faire de victimes. L’eau est montée jusqu’à 1,50 m dans certaines habitations. Une cinquantaine d’entre elles ont été sinistrées à des degrés divers. […] Une des causes des dégâts pourrait être que la rivière a été obstruée par un gros tronc d’arbre […]. Mais la boue a aussi dévalé la colline. »
Le Patriote Beaujolais, 10 juin 2010